Des millions de personnes souffrant de la faim en Afrique de l'Ouest sont privées d'aide, a annoncé le Programme Alimentaire Mondial (PAM) de l'ONU dans un communiqué de presse rendu public le mercredi 5 juin 2023. Cette situation résulte d’une pénurie de fonds, selon l’Agence humanitaire. Ainsi, près de la moitié des 11,6 millions de personnes initialement ciblées pour la période de soudure allant de juin à août, ne reçoivent aucune assistance.
Le PAM a également averti que cette situation désespérante risquerait de conduire des centaines de milliers de personnes à rejoindre des groupes armés non étatiques, à se marier précocement ou à pratiquer le "sexe de survie" pour faire face à cette période difficile.
Selon le document, à l’origine, le PAM prévoyait de soutenir 11,6 millions de femmes, d'hommes et d'enfants, parmi les 19,2 millions de personnes ayant des besoins en aide humanitaire au Burkina Faso, au Cameroun, au Mali, en Mauritanie, au Niger, dans le nord-est du Nigéria, en République centrafricaine et au Tchad, de juin à septembre 2023. « Cependant, en raison de contraintes financières, le PAM a dû réduire son assistance pour se concentrer sur les 6,2 millions de personnes les plus vulnérables, notamment les réfugiés, les enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition, les femmes enceintes, les femmes et les jeunes filles allaitantes », a mentionné le communiqué de presse.
Aussi, le communiqué a relevé que la situation de l'insécurité alimentaire a atteint un niveau sans précédent depuis 10 ans en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale, touchant 47,2 millions de personnes pendant la période de soudure de juin à août. Les taux de malnutrition ont également connu une augmentation alarmante, avec 16,5 millions d'enfants de moins de 5 ans risquant de souffrir de malnutrition aiguë cette année, soit une augmentation de 83% par rapport à la moyenne de la période 2015-2022.
Par ailleurs, tout en estimant que la situation est tragique, la Directrice régionale par intérim pour l'Afrique de l'Ouest, Margot Vandervelden, a déploré que pendant la période de soudure de cette année, des millions de familles n'auront pas suffisamment de réserves alimentaires pour les soutenir jusqu'aux prochaines récoltes en septembre, et beaucoup recevront une aide limitée, voire aucune, pour les aider pendant les mois difficiles à venir. « Nous devons agir immédiatement pour éviter une plongée massive dans une faim catastrophique », a-t-elle conclu.
Boubacar Hamani LONTO