Le Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité publique et de l’Administration du territoire, à travers la Direction Générale de l’Etat-Civil, des Migrations et des Réfugiés (DGECMR) en collaboration avec le Fonds des Nations-Unies pour l’Enfance (UNICEF) lancera une Campagne de communication et d’enregistrement de naissances sous le slogan ‘’Hakin Yara’’, en vue d’améliorer sensiblement l’enregistrement de naissances dans le délai légal au Niger. En effet, pour l’année 2024, 1.254.000 enfants sont attendus dans notre pays, ainsi l’UNICEF et la DGECMR envisagent d’atteindre un taux d’enregistrement de 87% des naissances. Au cours de cette campagne, il y aura dans les zones d’intervention ciblées, des actions spécifiques de mobilisation sociale pour un changement de comportement, afin de créer une masse critique d’effet. La mise en œuvre de la Campagne ‘’Hakin Yara’’ s’étendra du début juin à fin novembre 2024.
A travers cette longue campagne en faveur du droit de l’Enfant à l’identité juridique, il s’agira essentiellement de susciter une prise de conscience pour une déclaration systématique des faits de l’état-civil dont l’enregistrement des enfants dès à leurs naissances ; de déclarer et enregistrer au moins un (1) million d’enfants à l’Etat-civil ; et de délivrer au moins un (1) million d’actes de naissance des enfants. Durant la mise en œuvre de la campagne, les différentes parties prenantes coordonneront les efforts dans leurs champs d’action respectifs pour plus d’efficacité et d’efficience.
D’après les initiateurs de cette campagne, sur le plan stratégique, il est identifié un mode d’intervention axé sur le changement social et comportemental basé sur des preuves selon un mode participatif, inclusif, mesurable sensible au genre et extensible. Aussi, des Organisations de la société civile seront mis à contribution pour toucher les populations dans les villages des communes cibles à travers plusieurs actions d’accompagnements, notamment l’enregistrement mobile des enfants nés dans les villages et la transcription des déclarations, ainsi que l’organisation des audiences foraines au profits des enfants non déclarés à l’Etat-civil dans une certaine proportion.
Il y aura également la diffusion des messages sur les radios communautaires, les télévisions et autres médias, l’organisation de campagnes digitales avec des influenceurs des réseaux sociaux, l’organisation de foras de discussions interpersonnelles dans les villages et au niveau des communes, ainsi que le suivi de la déclaration et de l’enregistrement des naissances intervenus dans les centres de santé, entre autres.
Pour rappel, selon la Convention relative aux Droits des enfants, « l'enfant est enregistré aussitôt sa naissance et a dès celle-ci le droit à un nom, le droit d'acquérir une nationalité … » et « les Etats parties veillent à mettre ces droits en œuvre conformément à leur législation nationale et aux obligations que leur imposent les instruments internationaux applicables en la matière, en particulier dans les cas où faute de cela l'enfant se trouverait apatride ». Dans un récent document, la Confédération Internationale des Sages-femmes (ICM) a souligné que le droit d’être reconnu en tant que personne aux yeux de la loi est une étape essentielle pour garantir une protection tout au long de la vie et constitue une condition préalable à l’exercice de tous les autres droits. Un acte de naissance est la preuve de cette identité juridique et constitue la base sur laquelle les enfants peuvent établir une nationalité, éviter le risque d’apatridie et demander une protection contre la violence et l’exploitation ; il leur confère également d’autres droits sociaux.
Par ailleurs, d’une manière générale, l’enregistrement des faits de l’état-civil et des données qui en découlent est fondamental pour la vie des individus et des pays. L’enregistrement officiel des naissances, des mariages, des divorces et des décès permet à chaque personne de faire reconnaitre, son identité juridique, ses liens de famille, sa nationalité et les droits d’en jouir. De même, l’enregistrement des faits de l’Etat civil permet la production de statistiques démographiques nationales avec un meilleur suivi et une meilleure connaissance des tendances démographiques et par conséquent assurer une meilleure planification des politiques publiques.
Boubacar Hamani LONTO