Décidément, la présence française au Sahel, principalement dans les pays du Liptako Gourma, est plus que jamais décriée. Si les maliens ont fait fort en suspendant même la coopération, d’une manière générale, avec Paris, les burkinabé eux aussi, sont sur cette voie, mais d’une manière graduelle : fermeture de la radio RFI, convocation du correspondant de la télévision France-24 par le Conseil supérieur de la communication burkinabé, et surtout l’ultimatum d’un (1) mois donné à la force française Takouba pour quitter le territoire burkinabé.
Encouragés par leurs opinions publiques, ces deux (2) pays apparaissent aujourd’hui aux yeux de beaucoup d’africains comme des pays engagés sur la voie de la souveraineté des peuples africains. Au Niger également, un embryon de ce mouvement patriotique a été vite étouffé dans l’œuf, mais pour combien de temps ? En effet, à bien observer les choses, la force Takouba renvoyée du Burkina Faso viendra grossir les rangs des forces françaises à Niamey, comme ce fut le cas avec Barkhane lorsqu’elle quittait en catastrophe le Mali.
Au risque de se retrouver en porte-à-faux avec son opinion publique, opinion publique qu’il juge marginale, le président de la République, Mohamed Bazoum, est en train de faire de son pays le dernier refuge des forces françaises dans cette sous-région en proie à l’insécurité. Le régime de Niamey, a-t-il calculé le risque d’une telle attitude ? Une chose est au moins sûre, entre la crise sociale (vie chère, corruption, injustice) qui a fait sortir les syndicats de leur silence de cimetière et la présence française de plus en plus décriée, le pouvoir de Niamey tisse lentement mais surement la corde qui risque de l’attacher.
Le président de la République, Mohamed Bazoum, a intérêt, au vu de la situation, à négocier dans le sens de l’intérêt du Niger, cette nouvelle arrivée des forces françaises, car comme on le sait, la France n’a pas d’amis, mais des intérêts.
Tradam