Régime du CNSP : Au Niger, souffle désormais une nouvelle ère de souveraineté et de résilience

Le 26 juillet 2023 marque un tournant pour le Niger et son peuple. C’est le jour-le régime de la 7e République a été renversé, à la surprise générale des Nigériens. La joie immense de la population suscitée par cet événement constitue sans nul doute le reflet de l'impopularité du régime déchu, accablé de critiques treize (13) années durant. Les critiques les plus acerbes concernent la mal-gouvernance mais surtout la collaboration des autorités du régime déchu avec les puissances étrangères dans la lutte contre le terrorisme. Revue d’un combat pour la quête effective de la souveraineté.

En effet, ces puissances dont les armées étaient présentes depuis près d’une décennie sur le territoire national ont été qualifiées d’armées d'occupation en raison de leur faible rendement en matière de lutte contre le terrorisme. Pire, une certaine opinion les avait accusés d’être de complices des terroristes sous le regard impuissant des dirigeants de l’époque. C’est pourquoi, aussitôt après le coup d’État, l’immense majorité des Nigériens, soutenant les nouveaux maîtres du pays, avait mis ces puissances au pilori, demandant carrément leur départ du territoire nigérien.

La présence de l'armée française, malgré ses effectifs de plus de 3000 soldats, n’a pas eu raison du terrorisme. C’est un fait. C’est donc pourquoi elle a été priée de partir, en même temps que d’autres des formes armées issues des pays de l’Europe qui étaient censées lui prêtre mains-fortes dans la croisade contre le terrorisme.  Ensuite, viendra le tour de l'armée américaine, a également été invitée à quitter le territoire pour quasiment les mêmes raisons. Depuis lors, les nigériens voient en ces départs des forces armées étrangères un pas décisif vers la souveraineté nationale prônée par le CNSP.

Un combat pour la souveraineté économique….

La lutte pour la souveraineté nationale ne s'arrête pas au départ des troupes occidentales. Conscient que la souveraineté est aussi économique et financière, le CNSP mène le combat sur plusieurs fronts. Grâce à la coopération marocaine, il a réussi à contourner le Trésor français pour transférer les 400 millions de dollars avancés par la Chine au titre de la première année de production pétrolière acheminée par pipeline. Pour la première fois, des fonds nigériens provenant d'une vente de matière première n'ont pas transité par Paris. Cette action parle plus fort que toute déclaration, marquant un temps de rupture avec les accords monétaires liant le Niger à la France.

…mais aussi pour la souveraineté minière.

Longtemps à la merci des multinationales, notamment la société française Orano qui contrôlait jusqu’à récemment des gisements d’uranium, le Niger a réussi un coup de maître en mettant fin à cette servitude minière. En effet, la mine géante d'Imouraren, obtenue par Paris en 2009, a été un point de départ pour Niamey qui a clamé haut et fort son vœu de reprendre la main. Orano, la société française du nucléaire, s'est vue retirer son permis minier le 20 juin 2024, suivie 15 jours plus tard de Goviex, un groupe canadien.

Alliance des États du Sahel

En plus de ces actions, Niamey a entrepris d'autres initiatives de grande envergure. Avec le Mali et le Burkina Faso, le Niger a quitté la CEDEAO, une organisation qui est considérée par les citoyens de ces trois pays comme un instrument d'asservissement entre les mains de l’impérialisme occidental. D’où la naissance de l'Alliance des États du Sahel (AES). Malgré les sanctions jugées « inhumaines et illégales » par les dirigeants de l’AES, car étendues aux produits alimentaires et pharmaceutiques, la population du Niger a fait preuve d’une forte résilience.

Sur le plan diplomatique

Le Niger a entrepris une série d'actions diplomatiques pour affirmer et défendre sa souveraineté. Le principe de la réciprocité, appliqué avec rigueur par les autorités de Niamey, a joué un rôle central dans cette stratégie. En refusant de se soumettre aux diktats des puissances étrangères et en exigeant un traitement équitable dans toutes les relations internationales, le Niger a envoyé un message clair : il est résolument déterminé à défendre sa souveraineté.

Des mesures concrètes ont été prises pour renforcer cette posture. Par exemple, Niamey a réagi fermement aux sanctions économiques imposées par certaines organisations internationales en adoptant des politiques de résilience économique et en diversifiant ses partenariats. En outre, le Niger a exigé des explications diplomatiques sur des ingérences perçues.

La création à l'Alliance des États du Sahel (AES), en collaboration avec le Mali et le Burkina Faso, illustre également cette démarche proactive. Cette nouvelle entité régionale, fondée sur des principes de coopération et de solidarité, vise à contrer les influences extérieures et à promouvoir une intégration économique et sécuritaire autonome.

Par ailleurs, le Niger a organisé et participé à plusieurs sommets internationaux, où il a défendu ses positions avec fermeté. Les autorités nigériennes ont également intensifié leurs efforts pour sensibiliser l'opinion publique internationale aux défis auxquels le pays est confronté, en soulignant l'importance du respect de sa souveraineté.

Ces actions diplomatiques ont considérablement renforcé l'image du Niger sur la scène internationale. Le pays est désormais perçu comme jaloux de son indépendance et prêt à tout pour la préserver, y compris en adoptant des mesures audacieuses et en réorganisant ses alliances stratégiques.

En somme, la diplomatie nigérienne, guidée par le principe de la réciprocité et un engagement inébranlable envers la souveraineté nationale, a permis de redéfinir la place du Niger dans le concert des nations et de poser les bases d'une politique extérieure plus assertive et respectée.

La question de la souveraineté monétaire

La transition monétaire est une étape déterminante dans cette quête de la souveraineté nationale des pays de l’AES. L’étape ultime reste leur désaffiliation du franc CFA suivie de la création de leur propre monnaie commune. Bien qu’elle soit perçue comme un vœu pour les citoyens de l’espace AES, le processus conduisant à la création d'une monnaie commune est parsemé d'embûches.

En attendant de trouver la bonne parade et dans le souci de s’entourer de plus de de précautions pour contourner les obstacles techniques liés à la nature de leur régime, les États de l’AES sont contraints de renégocier avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, prennent. Plutôt que de voir ces négociations comme des contraintes, les nouvelles autorités les considèrent comme des étapes nécessaires pour assurer une transition réussie vers une monnaie indépendante et stable.

Toujours est-il que, dans le cadre de la Confédération des États du Sahel, Niamey doit harmoniser ses politiques avec celles du Mali et du Burkina Faso. Lors du premier sommet tenu à Niamey le 6 juillet 2024, la création d'une banque d'investissement a été annoncée. Cependant, la question de la monnaie n'a pas été abordée. Les spécialistes sont formels : la création d'une monnaie dépend davantage de la volonté politique que d'aspects techniques.

Pour parvenir à cette réalisation, les gouvernements des trois pays doivent démontrer une volonté politique forte et coordonnée. Cela implique des négociations complexes et une collaboration étroite pour établir des structures économiques et financières solides. La création d'une monnaie commune nécessitera également la mise en place de mécanismes de régulation et de contrôle qui assureront la stabilité et la confiance dans la nouvelle devise.

En outre, la transition vers une nouvelle monnaie devra être accompagnée de mesures éducatives et de sensibilisation auprès des populations pour assurer une compréhension et une acceptation générale. Les avantages potentiels, tels que l'indépendance économique accrue, la réduction de l'influence étrangère sur les politiques monétaires et l'amélioration de la coopération régionale, devront être clairement communiqués.

La monnaie AES, un projet ambitieux pour l'avenir

Ce projet ambitieux, bien que difficile, représente une opportunité historique pour les États du Sahel de renforcer leur intégration économique et politique. En surmontant les défis associés à la création d'une monnaie commune, le Burkina Faso, le Mali et le Niger pourraient poser les fondations d'une souveraineté véritablement indépendante et durable.

Ce sera également un signal fort envoyé à la communauté internationale sur leur détermination à prendre en main leur destin économique et politique.

Ganda Boubacar

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Last modified on Monday, 12 August 2024 01:21

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Le matinal 2 décembre 2022

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