Le Président de la République, Mohamed Bazoum, a pris part à la Table Ronde Internationale sur les Engrais et la Santé des Sols en Afrique de l’Ouest, tenue du 30 au 31 mai 2023 à Lomé au Togo. Cette rencontre de haut niveau sur la souveraineté alimentaire et nutritionnelle dans l’espace ouest-africain, a été conjointement organisée par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Présidence togolaise, en collaboration avec le Groupe de la Banque Mondiale et le Centre international pour le développement des engrais (IFDC).
La Table ronde a réuni, entre autres, des Chefs d’Etat, des ministres en charge de l’Agriculture ou des Finances, des responsables d’institutions bancaires et d’Organisations du secteur agricole, autour du thème : « Pour un renforcement de la filière et pour une amélioration de l’utilisation des engrais en tant qu’élément clef de la relance de la production agricole et de la lutte contre l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest ».
Dans l’allocution qu’il a prononcée à cette occasion, le Président de la République du Niger a rappelé qu’au Sahel et en Afrique de l’Ouest, la campagne agricole 2022-2023 a enregistré une production céréalière de 77,6 millions de tonnes, soit une hausse de 8% par rapport à l’année dernière et de 6% comparée à la moyenne des cinq (5) dernières années. « Les pays du Sahel ont connu un rebond de leur production, après la forte baisse observée en 2021 », a-t-il indiqué.
Cependant, selon Mohamed Bazoum, malgré cette augmentation notable de la production agricole en 2022, les analyses du Cadre Harmonisé sur une population totale de 390 millions de personnes dans les 14 pays de la région du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest confirment une situation alimentaire encore alarmante avec près de 29,5 millions de personnes en phase « crise à pire » pour la période allant de mars à mai 2023. « Si des réponses efficaces ne sont pas mises en œuvre, 41,9 millions de personnes pourraient être en insécurité alimentaire pendant la période de soudure en juin-août 2023 », a-t-il averti.
Le Président Nigérien a également souligné que le déficit chronique de la production agrosylvopastorale dans cette région tire fondamentalement sa raison d’être des spécificités du secteur agricole. « Le développement de ce secteur est fortement entravé par la pauvreté structurelle des sols, caractérisée par leur carence en nutriments, elle-même liée en partie à un déficit d’apport en engrais », a-t-il expliqué. Ainsi, selon Mohamed Bazoum, en réponse à ce déficit, le Gouvernement du Niger a mis en œuvre la réforme des engrais initiée depuis 2018, en vue d’accroitre les productivités agricoles à travers une meilleure disponibilité et accessibilité des engrais aux producteurs à temps pendant toutes les périodes de production.
Mohamed Bazoum a, par ailleurs, exhorté l’ensemble des pays membres du Comité de Haut Niveau sur la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle à intégrer dans leur architecture nationale et à mettre en œuvre les différentes mesures retenues dans la Feuille de Route. Enfin, il s’est engagé à travailler avec la Commission de l’UEMOA, pour créer les conditions nécessaires à la réussite de la mise en œuvre de cette feuille de route.
Notons que cette table ronde de haut niveau s’est tenue à un moment où, selon la Banque Mondiale, l'Afrique de l'Ouest traverse la pire crise alimentaire qu'elle ait connu depuis dix ans. Pour l’Institution bancaire, dans un contexte marqué par l'incertitude et des crises multiples, l'avenir de l'agriculture, de la sécurité alimentaire et du développement en Afrique de l'Ouest apparaissent étroitement liés. Ainsi, la Banque mondiale estime que le secteur des engrais constitue à la fois le cœur du problème et la source de solutions pour la transformation économique de la région. Et, la rencontre de Lomé a permis de déterminer une feuille de route commune en faveur des reformes et des investissements, afin de rendre les engrais plus accessibles et abordables dans l’espace communautaire.
Boubacar Hamani LONTO