Le Parlement a adopté vendredi 22 avril le projet de loi déjà approuvé le 4 mars dernier en conseil des ministres. Le but est de renforcer la lutte contre les groupes jihadistes au Niger et dans la région du Sahel. Les forces spéciales européennes jusqu'alors basées au Mali vont être redéployées sur le sol nigérien.
C'est officiel, une partie des quelque 2400 soldats français de l'opération Barkhane et les 900 forces spéciales européennes Takuba qui doivent quitter le Mali vont être redéployées au Niger dans les prochains mois.
En février, le président Mohamed Bazoum avait déjà donné son accord de principe pour ce redéploiement mais il fallait obtenir l'accord du Parlement nigérien. C'est désormais chose faite.
Les députés ont pu en débattre toute la journée en présence du Premier ministre. Cette initiative n'était pas du goût de tous les élus. Ils sont nombreux à avoir pointer des zones d'ombres dans le texte proposé, demandant davantage d'informations concernant cet accord de coopération militaire passé entre le Niger et les forces étrangères. La Constitution est mise de côté pour permettre au pouvoir de faire un passage en force, selon l'opposition. « Nous n'avons pas été autorisé à voir ce que contient les accords ou l'accord qui va nous lier. On nous a demandé de donner un blanc-seing au gouvernement, ce que nous avons refusé », a résumé Soumana Sanda, du parti Moden Lumana, fort de 19 députés. D'autres ont exprimé leur peur de voir leur pays perdre sa souveraineté et son intégrité.
La marche pacifique suivie de meeting que projetait d'organiser ce mercredi matin un collectif de la société civile est interdite à Niamey. Les organisateurs décident donc d'attaquer l'arrêté municipal en justice, qui confirme également l'interdiction. Résultat : aucun manifestant ce matin dans les rues de Niamey. La société civile entendait protester contre la vie chère, la présence des forces Barkhane au Niger et la hausse du prix du gazole.
En interdisant la marche pacifique suivie du meeting que projetait d'organiser le M62, la ville de Niamey s'est dotée de tous les moyens sécuritaires pour faire respecter l'arrêté municipal.
C'est au petit matin que toutes les places sensibles, lieu du rassemblement et le parcours des manifestants ont été occupés par les forces de l'ordre, la police et la garde nationale. Dans les rues de Niamey, où les habitants vaquent à leurs occupations, aucun attroupement de manifestant n'est visible. Le M62, qui se dit respectueux de la loi, dit prendre acte de cette décision de la justice et décide de poursuivre la lutte autrement.
Le mouvement décide en lieu et place de la manifestation interdite d'organiser une journée de jeûne et trois jours de prière à partir de mercredi. Selon Abdoulaye Seydou, président du M62, le mouvement décide de lancer une pétition en ligne contre la présence des forces Barkhane au Niger, la cherté de la vie et l'augmentation du prix à la pompe du gazole.
Enfin, le M62 projette d'organiser une marche pacifique dite de la dignité, le 18 septembre prochain. En appelant les citoyens, les syndicats et les partis politiques à une mobilisation générale, le M62 affirme haut et fort qu'il jouera sa partition.
Plusieurs dizaines de morts et des dégâts importants dans près de 538 communes du Niger à cause des inondations. Les deux régions de Maradi et Zinder sont les plus impactées avec 58 morts à la date du 29 août. Pendant ce temps, l’eau continue de monter sur les rives du fleuve Niger. La cote d’alerte est dépassée avec plus de 540 cm. Les riverains sont priés de quitter les zones inondables.
Les pluies exceptionnelles qui se sont abattues sur le pays de la mi-juillet au 29 août 2022 ont provoqué d’importantes pertes en vie humaine et en matériel. Ainsi, selon les statistiques de la Direction générale de la protection civile, 82 personnes sont mortes suite à l’effondrement de leur maison et à des noyades. Ce sont les régions de Maradi et de Zinder qui ont été les plus impactées, respectivement avec 32 et 26 décès.
Sur l’ensemble du pays, ce sont 38 départements, 89 communes et 538 villages qui sont inondés. On dénombre ainsi plus de 12 000 maisons effondrées, 14 000 tonnes de vivres emportées par les eaux en furie et plus de 100 000 personnes sinistrées. Toutes ces victimes sont prises en charge par les services compétents. Elles sont relogées sur des sites aménagés et dans des écoles.
Des craintes à Niamey subsistent
Parmi les 8 régions du pays, seuls celles de Niamey et d'Agadez sont les moins impactées. Au niveau des régions du fleuve Niger, le pire est à craindre. Malgré la réhabilitation des digues du côté de la ville de Niamey et de ses environs, l’eau continue de monter. Les populations riveraines sont sommées de quitter le lit du fleuve et les zones inondables.
Au Niger, c’est une illustration de la cohabitation entre les soldats français déployés sur place et leurs hôtes nigériens à la base militaire de Ouallam, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale Niamey, non loin de la frontière malienne. Même si chacun occupe un espace spécifique, la planification et la conduite des opérations se font en étroite collaboration. Explications sur la manière dont ce partenariat de combat se traduit concrètement sur le terrain.
Déployés ici au nord de Niamey, aux côtés des forces armées nigériennes dans le cadre de l’opération Almahaou, le colonel Guillaume et ses hommes viennent en appui à leurs partenaires nigériens pour lutter contre les groupes armés terroristes, mais pas que.
« Cette opération Almahaou vise à sécuriser la population. Donc, chacune de nos opérations, de nos déploiements avec nos camarades nigériens, est accompagnée de prises de liaisons en permanence avec les autorités locales et puis ensuite, d’études sur différents projets de soutien à la population que nous pourrions faire : réfection d’école, réfection d’appui », explique le colonel.
Opérations de longue durée et opérations coup de poing
Selon lui, pour endiguer la menace et apporter la stabilité, les partenariats de combat avec les FAN, les forces armées nigériennes, se passent à différents niveaux. « Notre partenaire nigérien dans l’opération Almahaou attendait de nous d’abord un appui à la recherche du renseignement. Le deuxième secteur d’appui, c’était de faire des opérations de longue durée pour rester sur le terrain. Et le troisième, c'était d’être capable avec nous de conduire des opérations coup de poing, en réaction à des incidents sécuritaires », constate-t-il
Toutes ces opérations sont menées sous le commandement du général Toumba, des forces armées nigériennes. Pour l’amélioration de la situation sécuritaire depuis le déclenchement de cette vaste offensive anti-terroriste, le colonel Guillaume dit : « J’en discutais très récemment avec le général Toumba, qui me disait : “le juge de paix, ça sera la population” ».
Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine se réunissent à Niamey ce vendredi pour deux sommets successifs. La capitale nigérienne accueille un premier rendez-vous consacré à l’industrialisation de l’Afrique et à la diversification économique, et un second à la Zlecaf, la Zone de libre-échange continentale africaine. Ces deux rendez-vous viennent conclure une semaine de travaux qui se sont tenus depuis dimanche dernier sur ces sujets.
Sur le plan continental, les deux sommets de l'Union africaine -auxquels plusieurs chefs d'État sont attendus- ont pour objectif et pour thème de « renouveler les engagements en faveur d’une industrialisation et d’une diversification économique inclusives et durables ». « Nous ne produisons presque rien. Nous attendons tout de l'extérieur », a regretté Moussa Faki, président de la Commission de l'Union africaine. L'Afrique doit « prendre conscience de la nécessité de l'industrialisation du continent » et « accélérer l'opérationnalisation de la Zone de libre échange continentale, la Zlecaf », entrée en vigueur le 1er janvier 2021.
« L'Afrique ne doit plus être un continent consommateur et pourvoyeur de matières premières, abonde le président nigérien Mohamed Bazoum, hôte de l'évènement, mais une puissance économique dotée d'industries à même de satisfaire ses propres besoins et d'exporter des produits finis. » Le Niger qui met les bouchées doubles pour se donner davantage de visibilité internationale.
La journée de ce vendredi est décomposée en deux temps : la matinée est consacrée au sommet sur l'industrialisation et l'après-midi à la rencontre de la Zlecaf dont l'objectif est la levée des tarifs douaniers ou du moins leur allègement d'au moins 90%. L'industrialisation de l'Afrique est une nécessité cruciale, mais l'idée est loin d'être nouvelle. Pour que ce double sommet ne soit pas juste l'occasion de nouvelles grandes déclarations, des objectifs spécifiques ont été assignés : un nouveau cadre de politique continentale doit être décidé afin d'attirer davantage d'investissements ; les chaînes de valeurs industrielles régionales doivent être renforcées, -en clair, des partenariats entre plusieurs pays doivent être conclus pour davantage de complémentarité dans la chaîne de fabrication des produits. Enfin, le sommet compte plaider politiquement pour l'émergence d'un programme d'industrialisation de l'Afrique à l’échelle mondiale.
Deux jours d’enquête sur le terrain, à Tamou, ont permis à la Commission de boucler son rapport. La composition de l’équipe a été inclusive selon son président Maty Elhdj Moussa : « La Commission a fait appel à deux représentants des organisations de la société civile, à des officiers de police judiciaire de la gendarmerie, aux éléments de la protection civile, notamment les sapeurs-pompiers, à un médecin légiste et son équipe, ainsi que la police scientifique. »
Le rapport conclut qu’il n’y a pas eu de bavure de l’armée sur le site d’orpailleurs de Tamou. Des dégâts collatéraux sont mentionnés et leur bilan est lourd : « Les frappes aériennes sur un dépôt d’armes d’un groupe terroriste, non loin du site d’orpailleurs de Tamou dans l’après-midi, ont occasionné la mort de 11 personnes. »
Des blessés ont été admis à l’hôpital national de Niamey et, selon lui, « tous les blessés restants, 23 au total, ont quitté l’établissement après avoir été soignés ».
En recevant le premier le rapport de l’enquête de la commission, le président Mohamed Bazoum a promis, selon Maty Elhdj Moussa, de dédommager les familles de certaines victimes. Le président « nous a chargés d’informer l’opinion de sa décision de faire dédommager par l’État tous les endroits des victimes non terroristes décédées, ainsi que tous les blessés non terroristes ».
Les personnes concernées sont invitées à constituer leur dossier.
C'est la première fois que le Niger lance une telle opération pour mieux combattre les jihadistes. Ce recrutement concerne essentiellement les anciens militaires et gendarmes partis à la retraite entre 2017 à 2022. « Il faut soulager les soldats en activité sur le terrain de guerre », a précisé le directeur de l'Office des anciens combattants, le colonel-major Abdoulaye Mounkaila.
« Le ministère de la Défense a estimé qu’il faut faire appel aux anciens militaires et gendarmes pour sécuriser les projets de développement », a-t-il déclaré. Le processus de la réserve militaire est enclenché depuis 2010. Mais aujourd'hui, c'est le terrain qui commande « parce qu'on sait qu'il y a une tension sur les effectifs pour ceux qui sont sur le terrain », a ajouté le colonel-major, qui précise que « pour l'instant, ils n'iront pas au front ».
« Des spécialistes qui ont une expérience »
En 2020, le pays avait déjà annoncé le doublement de ses effectifs militaires, passant ainsi de 25 000 à 50 000. Mais le Niger étant en guerre contre les terroristes sur cinq fronts, il a aujourd'hui besoin de cette réserve militaire expérimentée. « Eux, ce ne sont pas des volontaires pour la défense, ce sont des spécialistes qui ont une expérience à qui ont fait appel à nouveau », a tenu à rappeler le militaire.
Enfin, l'âge de la retraite pour les militaires du rang est repoussé de 47 ans à 52 ans.
Tout est parti d'un contrôle de routine à la Banque agricole du Niger (Bagri) durant lequel les inspecteurs de la cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) ont mis en évidence des mouvements suspects d'importants fonds.
L'institution spécialisée dans le démantèlement des trafics en matière financière à constater que plusieurs milliards de francs CFA étaient logés sur le compte d'un agent subalterne de la banque. Plus surprenant encore, plusieurs centaines de milliers de francs CFA ont été retrouvés sur le compte du planton de la banque.
En poursuivant ses investigations, la Centif s'est rendue compte que plus de quatre milliards de francs CFA ont été soustraits des caisses de la Bagri. Très vite, le dossier a été transmis au tribunal de grande instance de Niamey. Le doyen des juges a interpellé six personnes, parmi lesquelles quatre cadres supérieurs de la banque, dont le directeur général et le directeur de la comptabilité. Un juge du pôle économique et judiciaire a ensuite été saisi et a placé les accusés sous mandat de dépôt.
Ce détournement de plusieurs milliards de francs CFA à la Bagri, qui bat déjà des ailes, a été très commentée sur les réseaux sociaux et met la Bagri, une institution déjà fragilisée dont la mission est d'aider le monde rural à travers des crédits agricole, dans une très mauvaise posture.
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